Pour notre sixième année d’instruction en famille, j’ai fait le choix de poursuivre en suivant les principes de la pédagogie Charlotte Mason. Davantage encore que les années précédentes. En pensant notre organisation de manière plus globale.
Un chemin qu’on a pris depuis trois ou quatre ans, d’abord en y venant par « petites touches », en prenant ce qui nous correspondait et en laissant ce qui nous parlait moins. Puis, c’est tout naturellement en me plongeant davantage sur cette pédagogie et les principes mis en avant par Charlotte Mason que j’ai dirigé notre organisation pour pouvoir profiter pleinement d’une pédagogie ouverte sur l’enfant, le beau, et surtout, la nature. On a donc basculé progressivement de l’unschooling vers une instruction un peu plus organisée/construite différemment, tout en conservant une large part d’informel.
Concrètement, cette année ça donne quoi?
Ça donne un planning un peu plus construit, mais qui laisse toujours une grande marge d’adaptation. Un élément qui me semble essentiel dans notre choix d’instruire nos enfants à la maison. Pouvoir décider au dernier moment en voyant le soleil briller qu’on a envie de profiter du soleil et de la nature qui nous entour, rester plus longtemps avec les amis ou prolonger un goûter, ou organiser une sortie au dernier moment.
Mais les enfants grandissent (9 et 6 ans), et ma reprise d’activités et mon envie/besoin de pouvoir concrétiser mes projets, ont fait que pour pouvoir faire cohabiter les besoins de chacun, un programme plus clair était un point clé pour limiter les « pertes de temps », les « temps morts » liés au « on fait quoi alors? » ou aux difficultés des enfants de choisir un sujet sur lequel ils ont envie de se poser.

On conserve donc une grande partie de notre planning de l’an dernier, avec un support weleda/étiquettes aimantées sur le bas du frigo, mais en l’aménageant davantage et avec un peu plus d’horaires. Tout simplement parce qu’avec leurs difficultés, il leur faut souvent plus de temps pour terminer une activité (difficultés à conserver leur attention, difficultés à poursuivre/terminer une tâche si elle leur semble compliquée ou qu’ils ont peur de ne pas y arriver…), ou qu’on arrivait trop souvent à une demande de leur part de terminer un jeu commencé le temps que je débarrasse le petit déjeuner/lancer une lessive, et que stopper le jeu soit trop difficile et source d’une frustration trop compliquée à gérer pour eux et donc source de conflits ensuite. L’un voulant encore jouer et empêchant l’autre de commencer à faire des activités avec moi pour montrer qu’il/elle n’est pas satisfait(e), ou du coup, un enfant frustré et agacé qui s’installe en ronchonnant. Ce qui n’est pas ce dont j’ai envie, ni pour eux, ni pour moi. Pour finir par entamer une activité à l’heure où moi j’aurai aimé pouvoir commencer la préparation du repas, et une journée constamment décalée. (Je pense que nombreux se reconnaîtront 😉 oui, c’est pareil partout, ça n’est pas parce qu’on parle IEF/parentalité, etc qu’on est mieux loti 😉 et je vous rassure, ici comme ailleurs, la motivation n’est pas toujours au rendez-vous, et les deux savent très bien le faire savoir!)
Mais si, respecter leurs besoins, prendre leur rythme de développement en compte est indispensable à mes yeux, les derniers mois nous ont surtout montré que mes besoins sont tout aussi essentiels au bon fonctionnement de nos journées. Et si l’écoute de leurs besoins s’est fait tout naturellement lorsqu’ils étaient tout petits, ils grandissent et atteignent doucement un âge où il est aussi possible de rappeler qu’on forme une équipe, et que maman/papa ont eux aussi des besoins qu’il est nécessaire d’écouter. Ça me semble aussi d’une grande importance pour leur futur. Leur apprendre à s’écouter eux-aussi, tout en apprenant à prendre en compte les autres membres de la famille.
Et mes besoins donc? Que nos journées se déroulent plus fluidement, avec un peu plus de visibilité pour pouvoir m’organiser (en terme de repas notamment et de gestion du quotidien). Des journées moins sous tension : et là, je ne parle pas spécialement de leurs tensions à eux, mais de ne plus avoir constamment l’impression que la journée se déroule en m’échappant. Comprendre, partir à 13H20 pour un rendez-vous (ou autre) à 13H30 alors qu’on a 20 minutes de route, ne pas avoir à gérer en speed une énième crise d’angoisse/décharge émotionnelle alors qu’on est déjà en retard… Réussir à prendre davantage en compte le fait qu’ils ont besoin tous les deux de ma présence pour pouvoir achever une tâche (y compris se préparer et avoir l’ensemble de leurs affaires de prêtes pour partir/se rendre à un rdv/une activité). Ici qu’ils n’aient pas envie d’aller faire quelque chose (par peur notamment souvent), ou qu’ils soient impatients/excités, il est difficile de les canaliser, surtout Antonin qui a tendance à s’agiter bruyamment…. perte de temps et énervement assuré! Et surtout, pouvoir me libérer du temps pour mes projets. Et pas juste, une fois de temps en temps mais vraiment de manière quotidienne.
Ceci étant posé, j’ai commencé par dresser un emploi du temps sur lequel j’ai noirci les temps où la plage horaire est déjà prise; les temps de suivis (psychomotricité/ergothérapie, orthoptiste/orthophoniste). En comptant les temps de trajets et le fait que ces jours-là j’en profite pour faire quelques courses au magasin de producteurs et au bio/vrac sur le trajet. Pareil pour leurs activités sportives.
J’ai ensuite fait la liste de ce qui fonctionnait, et ce qui fonctionnait moins pour pouvoir le modifier.
Voilà donc ce qui est au programme chez nous cette année pour Mathéa 9 ans et Antonin 6 ans. Pour situer, (en vrai, on ne chiffre pas vraiment le niveau mais ça vous permettra de vous faire une idée), avec Antonin (qui serait rentré au CP), on se dirige sur des activités que je pourrai faire rentrer dans un niveau CE1/CE2. Avec Mathéa (qui serait donc rentrée en CM1), on a passé une sacrée étape puisqu’on s’attaque au collège 6/5ème, hors mathématiques où elle est plus en difficultés.
Français :
Lecture/copie/grammaire/conjugaison pour Antonin. On va essayer de se diriger doucement vers la production d’écrits courant d’année mais ses difficultés de langage (émission et réception), font que le passage à l’écrit est complexe. (sans oublier qu’il n’a que 6 ans et qu’il a donc le temps).
Lecture/copie/grammaire/conjugaison/littérature/étude de la langue/productions d’écrits pour Mathéa. On travaille la grammaire/conjugaison etc surtout via la production d’écrits (biographie, narration écrite, fiche de lecture, écriture créative…). On reprend en correction les éventuelles erreurs lorsqu’il y en a, et les règles qui s’appliquent.
Avec un fil rouge en littérature : Molière! deux lectures offertes sur l’année (« Les fourberies de Scapin » et « Le médecin malgré lui » (si ça ne change pas d’ici là). Lectures, réflexions autour du théâtre et des œuvres de Molière, activités parallèles dont certainement une session théâtre.
Mathématiques :
Pour les deux : Calcul mental/résolution de problèmes/géométrie, via différents supports mais surtout par le jeu, la vie quotidienne, la manipulation de matériel.

Géographie :
Pour les deux (en commun, et en adaptant, on approfondi pour la demoiselle, et on simplifie un peu pour son frère).
En plusieurs modules : la géographie physique (ou de terrain) que l’on pratiquait déjà mais davantage quand on en avait l’occasion, lors de discussions ou de randonnées. Cette année, ce sera plus régulier, pour mettre l’accent sur cet aspect pratique de la géographie. La géographie du monde, qui va nous permettre de poursuivre l’étude de différents pays, d’autres cultures etc. Et la géographie française que l’on poursuivra de manière régulière.
Histoire :
Pour les deux (en commun là aussi).
On termine les deux premiers grands récits Montessori. On a longuement lu et parlé de la création de l’univers et de l’apparition de la vie sur Terre. On se dirige donc en ce moment sur la période des dinosaures. Ma programmation en Histoire est faite sur les deux prochaines années (pratique pour savoir où l’on va et avoir un peu de visibilité). Après les dinosaures cap sur l’apparition de l’Homme sur Terre, les premiers Hommes, la préhistoire. Pour le premier semestre. Le deuxième semestre débutera avec les premières civilisations, et l’Antiquité. Le moyen âge sera donc au programme de l’année suivante. Beaucoup de lectures offertes surtout, des reportages et des activités en parallèle.

Étude de la nature :
Pour le coup, rien de bien nouveau. C’est un des premiers éléments que nous avions mis au programme en entamant l’instruction à la maison. S’il y a bien une chose de la pédagogie Charlotte Mason qui m’a parlé dès que j’ai plongé dedans il y a quatre ans, c’était l’importance qu’elle accordait au lien à la nature. Balades, observations en pleine nature, ou à la maison en ramenant des trésors de nos promenades, lectures, dessin d’observation, … On entame cette nouvelle année avec un programme que j’ai fait pour l’année (à peu de choses près toujours approximativement « le même » d’une année à l’autre, puisqu’on suit le rythme des saisons et de la nature). Et j’ai été piocher dans les textes traduits par Maéva du blog les Oiseaux libres pour avoir de beaux textes à lire en début de session.

Sciences :
En alternance, sciences physiques, biologie, sciences de la Terre… des temps de réflexion, d’expériences, d’interrogations et de recherches en mettant l’accent sur le processus scientifique.
Là aussi, j’ai fait une liste de différents thèmes en lien avec d’autres sujets qui seront au programme de manière à faire des ponts entre les différents domaines.
Art :
Étude d’un ou deux artistes par trimestre, et, si on y arrive cette année, d’un compositeur par trimestre.

Et sur le papier, ça donne quoi?
Après un long moment de réflexion, quoi mettre quand, et comment, j’ai réussi à établir un programme plutôt équilibré.
J’ai choisi d’entamer nos matinées par un temps de lecture offerte. En lien avec l’activité qui suit généralement, ou avec le thème du moment.
Un temps de 1H30 le matin pour Antonin, avec la possibilité pour lui d’aller jouer ou de faire des activités en parallèles avec des plateaux que je prépare à la semaine, ou des petites pochettes.
Mathéa, elle, poursuit avec 30 minutes coupées en deux : en alternance, anglais ou chinois, mathématiques (via Khan Académy), terminer une production écrite entamée le matin et qu’elle n’a pas eu le temps de finir.
Pour l’après-midi, les activités s’étaleront entre 13H15 et 15H-15H30/16H selon les jours ou le programme. Je laisse pour les après-midi, les temps d’étude de la nature, de géographie, sciences, ou notre poetry tea time,…
L’objectif n’étant pas de faire de longues heures d’apprentissages, mais d’alterner les différentes activités pour conserver leur attention. La plupart des sessions ne durent pas plus de 30 minutes., et généralement plutôt une vingtaine de minutes. C’est aussi pour cette raison que j’entame par un temps de lecture offerte avec narration. Ça permet de commencer doucement et de se mettre dans de bonnes dispositions.
Pour le moment, j’ai prévu qu’on entame vers 9H15. De manière à me laisser un créneau avant de commencer pour un rangement rapide du salon/la lessive etc… Un créneau qui pourrait « rapidement » se transformer en un temps yoga/méditation/brain gym.


Si en image l’emploi du temps semble chargé et débordant, en réalité les temps sont vraiment courts (entre 15 minutes et 1H (pour les sorties natures et l’étude de la nature). L’idée n’étant pas d’être « à la minute », mais d’avoir un visuel, de permettre à chacun de connaître le programme et de le ritualiser.
Je vais essayer de faire un billet par matière pour permettre de détailler davantage et plus clairement le planning, parce que celui-ci me semble déjà bien long (en espérant qu’il ne soit pas trop indigeste à lire!)
Un commentaire sur “IEF : Une nouvelle année sous le signe de la pédagogie Charlotte Mason”