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Pédagogie Charlotte Mason : le concept de Living Books ou Livres vivants

Je reprends ici un article que j’avais écris sur notre ancien blog il y a quelques années. Un peu remis au goût du jour et de mes observations. Sur ce que Charlotte Mason appelait les « Living Books » que l’on traduit chez nous par « Livres vivants ».

Les livres ont depuis bien longtemps une place très importante au sein de notre famille. Nous avons toujours lu beaucoup tous les deux et c’est tout naturellement que les enfants baignent dans les livres depuis qu’ils sont tout petits. Enfant, je passais des heures le nez dans un livre, demandant à en racheter chaque samedi lors des courses hebdomadaires. J’aimais ce calme et ce moment où, plongé dans un livre on a l’impression d’être hors du temps. Et c’est ce que j’ai eu envie de partager avec mes enfants. Partager cet amour des livres. Leur faire découvrir d’autres univers, montrer les trésors que recèlent les livres et leur capacité à nous faire voyager. Nos étagères débordent, notre bibliothèque et celle des enfants sont remplies de livres… sans compter ceux que nous allons lire ou emprunter à la bibliothèque régulièrement. Nous passons nous même beaucoup de temps à lire, et ils se dirigent l’un comme l’autre régulièrement vers les livres dans la journée, que ce soit pour un temps lecture ou pour chercher une information dont ils ont besoin, ou juste pour le plaisir de feuilleter quelques pages.

Nous avons toujours choisi leurs livres avec le même soin que lorsque nous recherchons un livre pour nous, faisant particulièrement attention au contenu, et à la qualité du texte et des illustrations. Et, une fois qu’ils ont grandi un peu, j’ai eu envie de partager d’autres temps de lectures avec eux en leur lisant de courts romans ou de petits romans qui changeaient un peu des albums jeunesses que nous lisions quotidiennement; Puis, en avançant dans mon cheminement, il y a cinq ou six ans, au fil de mes lectures et de mes recherches, j’ai découvert la pédagogie Charlotte Mason, et j’ai (forcément) été totalement séduite par la place qu’elle donnait aux livres.

De beaux livres, des lectures choisies avec soin

C’est vraiment un des (nombreux) éléments qui revient beaucoup lorsqu’on s’intéresse à cette pédagogue britannique. Je me suis donc très rapidement reconnue dans ce qu’elle appelle « living books ou livres vivants ».

De beaux livres avec de belles histoires et des valeurs fortes qu’elle préconisait de mettre entre les mains des enfants soit pour leurs temps de lectures, mais aussi (et surtout) pour le temps de lectures offertes ou partagées (lecture à voix haute par l’adulte). Pour Charlotte Mason, lire de beaux ouvrages permet de créer un cercle vertueux. L’enfant va découvrir un univers tout entier qui s’ouvre à lui, une richesse qui va lui donner envie de s’y (re)plonger, de lire, et de poursuivre sa lecture ou de se pencher sur certaines découvertes qu’il aura pu faire.

Mais c’est aussi mettre à sa portée un contenu riche qui va lui apporter du vocabulaire, et parfois un vocabulaire spécifique ou technique (pour les livres portés sur la nature ou les sciences par exemple), lui apporter des connaissances précises sur un domaine/une période/un pays… Apporter de belles lectures, écrites par « une belle plume », c’est lui permettre d’acquérir du vocabulaire, mais aussi d’améliorer sa syntaxe, sa grammaire. A force d’écouter (ou de lire) des textes de qualité, l’enfant va tout naturellement intégrer petit à petit tout ce qu’il entend ou lit, et le réemployer dans sa manière de parler, ou dans ses écrits. Ils sont donc un moyen formidable de développer puis de renforcer le langage oral puis le langage écrit.

Les livres vivants, sont pour Charlotte Mason, des livres qui ont été écrits par un auteur passionné ou connaisseur de son sujet. Ils sont alors parfaits pour plonger dans un sujet et se remplir des informations distillées par l’auteur au fil des pages. Même s’ils sont romancés, ils permettent à l’enfant de découvrir ou d’approfondir certaines choses dans des domaines variés. Ce peut être le mode de vie dans l’Amérique du 19ème siècle ou la manière dont ont été traités les natifs américains à travers les romans de Laura Ingalls Wilder « La petite maison dans la prairie », ou encore l’univers et ses mystères avec des romans tels que ceux de Stefen Hawking ou de Hubert Reeves. Ce sont des livres qui vont apporter de nouvelles connaissances à l’enfant. Des sujets variés traités par des auteurs qui maîtrisent leur sujet, et qui vont permettre à l’enfant de s’imprégner de toutes ces connaissances et informations données par l’auteur;

En ce moment chez nous, c’est, chaque lundi matin, les discussions mathématiques de Filo, un jeune garçon de 8 ans, avec son grand-père, enseignant à la retraite. Chaque chapitre aborde de façon romancée, concrète et totalement passionnante une notion mathématique, et c’est ainsi qu’à la fin de chaque chapitre on se retrouve à approfondir, ou à faire quelques exercices en lien avec ce que le jeune garçon et son grand-père ont évoqué : la suite de Fibonnaci en passant par les nombres absurdes, ou encore le système binaire ou la règle de trois et le tableau de proportionnalité…

Les autres matins, notre matinée débute systématiquement de la même manière, avec la lecture du premier Tome de « la petite maison dans la prairie », qu’on termine actuellement. Comme c’est un succès auprès des deux enfants (Mathéa les a déjà tous lus et relus mais elle apprécie malgré tout ce temps de lecture que je leur en fait), on poursuivra très probablement avec le deuxième tome.

Le mardi et jeudi, sont quant à eux réservés à la lecture d’un ou plusieurs épisodes de « la naissance du monde » que nous utilisons pour approfondir l’Histoire de la Vie sur Terre.

Les living books sont aussi des livres qui ont été écrits par une « belle plume ». Comprendre, un vocabulaire précis et riche, mais aussi de belles phrases qui vont apprendre à l’enfant comment s’exprimer à l’oral comme à l’écrit. Leur donner en quelque sorte le terreau qui leur permettra ensuite de faire germer les graines que l’on sème grâce à ces lectures. J’ai rapidement pu l’observer chez nous. Les enfants usent au quotidien de mots précis, de vocabulaire technique ou scientifique lorsqu’ils parlent d’un sujet. Ils ont tous les deux un vocabulaire riche et une facilité à employer des verbes conjugués au passé simple, plus-que-parfait… (plus observable pour cette seconde partie chez la demoiselle, Antonin ayant des soucis de langage (troubles du langage oral).

En recherchant au fil du temps des livres qui pouvaient correspondre, et en observant la quantité de belles lectures qui allaient s’offrir à nous (nos étagères se sont sacrément bien remplies en six ans), j’ai pu expérimenter ce qui constitue en fait l’essence même de ce qu’expliquait Charlotte Mason. Tout simplement parce qu’en lisant puis en partageant autour de certaines de nos lectures, je pouvais constater la somme des informations assimilées par les enfants. Et c’est là tout l’intérêt de ces temps de lectures. Privilégier les livres vivant plutôt que des manuels scolaires qui n’apportent à l’enfant que des faits posés sur le papier mais déconnectés d’un ensemble. Et c’est ce que j’ai à cœur de proposer à nos enfants depuis nos débuts en IEF, leur montrer que tout est lié, que tout est connecté et qu’aborder une matière/une notion peut se faire en allant se raccrocher à d’autres connaissances/domaines. Les choses ne sont pas figées, déconnectées les unes des autres. L’un des exemples les plus frappants qui me revient sur ce sujet, c’est comment nous sommes passés de la lecture d’un épisode de « La naissance du monde » qui évoquait la matière minuscule des débuts suite à la création de l’univers. Au mot « atome » déjà maintes fois entendu jusque-là, Mathéa a voulu en savoir davantage. Et les choses se sont faites tout naturellement. La notion d’atome, de proton, d’électron, de neutron, de masse atomique… via des jeux, d’autres lectures… mais peut-être que sans cette lecture ce jour-là, elle n’aurait pas eu cette interrogation, ni cet intérêt soudain qui lui a permis d’apprendre tout ça de façon totalement naturelle. Les living books apportent donc parfois des réponses, et bien souvent de nouveaux questionnements, qui vont donner envie d’approfondir via d’autres lectures ou par des expériences ou activités en parallèles qui vont permettre à l’enfant de mieux intégrer ces nouvelles connaissances.

Ces belles lectures sont l’occasion, lorsque l’on pratique la lecture partagée ou lecture offerte à l’enfant, de partager de doux moments avec nos enfants. Et pour les parents qui manquent parfois de temps pour leurs lectures personnelles, un moyen de lire pour soi tout en lisant pour eux. C’est aussi l’occasion de partager ces romans et livres que nous dévorions nous enfants et que nous avions particulièrement aimé.

J’ai listé la quasi totalité de nos romans et livres, je vais essayer de les partager dans un prochain billet en les séparant par thématiques.

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